linggo Langres

PAYS DE LANGRES

(VIDÉO) Des transports à la demande remplacent les bus à Langres

Le territoire du Pays de Langres, au sud de la Haute-Marne, semble avoir trouvé la solution aux problèmes de mobilités en zone hyper-rurale. Grâce à Linggo, initiative de transport à la demande portée par Sylvie Baudot, maire de Cohons, des milliers de personnes retrouvent la liberté de se déplacer.

  • Depuis 15 ans, le PETR du Pays de Langres a remplacé 15 bus qui roulaient à vide par 15 véhicules légers en transport à la demande
  • En 2023, ce sont plus de 10 000 trajets effectués par Linggo au service des 47 000 habitants de ce territoire hyper-rural

Le Pays de Langres, en Haute-Marne (52), est confronté à de grands enjeux de mobilité. Dans ce territoire qui compte deux fois moins d’habitants que le X ème arrondissement de Paris alors qu’il est 800 fois plus grand, une partie de la population et en particulier les plus vulnérables (les personnes âgées, les jeunes, ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une voiture) est captive de son environnement. Captive parce que pour accéder aux services de santé, aux commerces, à un emploi mais aussi aux loisirs, il faut parfois faire plus de 25 kilomètres. Dans ces campagnes et depuis la réorganisation complète des modes de vie, la mobilité est plus que jamais devenue sujet de liberté ou de condamnation.

15 lignes de bus roulaient à vide…

« Pendant des années, on a eu des lignes de bus. Ils passaient une fois par semaine dans nos villages, un système imaginé dans les années 1960. » avance Sylvie Baudot, élue locale à l’initiative de ce projet porté par le PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural) du Pays de Langres. Sauf qu’en 60 ans, tout a changé : les habitudes de consommation, les besoins et même le territoire. « Ce qui fait que ces bus, qui avaient le mérite d’exister, tournaient à vide. À vide  ! ». Les élus de ce territoire situé au nord de la Bourgogne ne se faisaient plus d’illusion sur leur manque d’attractivité : les bus ne roulaient qu’une fois par semaine vers des itinéraires fixes et des horaires peu arrangeantes, il fallait parfois marcher plusieurs kilomètres depuis chez soi pour aller à l’arrêt de bus, les marches suffisamment hautes pour accéder aux bus dissuadaient les personnes en difficulté physique…

La découverte du transport à la demande

C’est avec un certain flair que Sylvie a monté une délégation d’élus du territoire : « Nous avons pris notre bâton de pèlerin pour aller voir ce qu’il se faisait dans d’autres territoires très ruraux. La solution ne se trouvait pas très loin de la Haute-Marne puisque c’est dans le Jura, à Baume-les-Dames, que nous avons découvert ce système de transport à la demande avec un centre d’appel pour réserver ses trajets. » Le déclic est né à ce moment-là et les élus allaient tous se battre pour dupliquer ce « truc qui marche » en Pays de Langres. Sauf qu’il y a quinze ans, et alors même que les géants du transport à la demande comme Uber n’existaient encore pas, vouloir supprimer ces bus historiques paraissait comme un recul considérable en matière de service public, même s’ils étaient peu utilisés.

« Ça n’a pas été une mince affaire de convaincre les différents partenaires. Au début, nous étions plusieurs à aller présenter le dossier. Au bout de la septième fois, je n’avais plus personne autour de moi, j’étais seule à encore porter ce projet… » À force de détermination, Linggo est né en 2008.

Ils remplacent 15 bus par 15 voitures

Ce transport à la demande, qui a mis au garage 15 bus polluants et bruyants, permet grâce à 15 véhicules de 5 à 9 places de réserver un trajet, par téléphone ou sur internet pour aller :  

  • vers les gares (Culmont-Chalindrey ou Langres),
  • vers les bourgs centres avec des services et des commerces,
  • et désormais du bourg à bourg à la carte.  

Comment on sait que c’est un « truc qui marche » ? Parce que ça permet aux gens d’aller faire leurs courses, d’accéder à des services, de voir leurs amis. Les seniors n’ont plus besoin de tout se faire livrer, ils reprennent plaisir d’aller en autonomie faire le marché. Parce que ça permet aussi de limiter le nombre de voitures sous-utilisées par foyer. Parce que ça permet même de se déplacer facilement vers les gares pour rejoindre sa famille ou ses amis dans les métropoles alentours.

« Au début on a fait peur à tout le monde mais aujourd’hui les retours sont unanimes. En 2019, Linggo c’est 8 000 trajets. On est passé d’une journée de desserte à quatre journées. Avec des publics très différents. » conclut Sylvie Baudot, fière de voir son « bébé » rendre service à tout un territoire.

Par Théo

ÇA MARCHE AUSSI…

blog-bottom-image