muttersholtz et ses chemins doux

MUTTERSHOLTZ

95% des élèves de cette commune vont à l’école à pied ou à vélo

Et si repenser nos déplacements transformait notre quotidien ? Dans cette commune d'Alsace, un réseau de chemins piétons et cyclables menant au cœur du village a révolutionné les habitudes.

    • 129 élèves sur 140 se rendent chaque jour à l’école à pied ou à vélo.

    • Un réseau de chemins a été patiemment recréé à travers la commune, en réouvrant d’anciens passages ou en en inventant de nouveaux.

    • Une démarche fondée sur l’écoute, la négociation foncière et la micro-transformation urbaine, duplicable dans de nombreuses communes.

À Muttersholtz, commune de 2.200 habitants située dans le Bas-Rhin, l’équipe municipale a entrepris depuis 2008 un chantier aussi modeste en apparence qu’ambitieux dans ses effets : reconnecter les rues du village… à la marche et au vélo.

Le point de départ ? Un constat du maire Patrick Barbier, ancien instituteur : à son retour à la mairie, il découvre que le garage à vélos de l’école est vide, que les enfants n’osent plus se rendre seuls au gymnase du centre-village, et que la voiture a peu à peu colonisé tous les trajets du quotidien.

Alors plutôt que de poser un énième panneau “Zone 30”, la commune a choisi de faire l’inverse : adapter l’espace public aux jambes et aux roues silencieuses, et non l’inverse. Comment ? En rouvrant d’anciens chemins, en recréant des connexions, en négociant des accès ou des échanges de terrain avec les habitants. Pas de grands travaux spectaculaires, mais un patient travail de couture urbaine.

Ni bulldozers ni injonctions : la méthode Muttersholtz

Le succès du projet repose sur un principe simple : prendre le temps de discuter.

Chaque nouvel itinéraire s’invente autour d’un besoin concret (relier l’école au gymnase, connecter deux quartiers, éviter une artère dangereuse), et se construit avec les habitants. Parfois, une simple friche permet de créer un chemin. Parfois, il faut négocier une servitude, racheter une grange ou même convaincre un propriétaire de laisser passer un sentier entre ses pommiers.

panneaux circulation muttersholtz

Le maire raconte comment il a pu ouvrir un premier passage grâce à l’achat d’une maison dont la vieille grange a été démontée pour tracer un chemin. Ou encore, comment un ancien gymnaste a accepté sans hésiter que son jardin soit coupé en trois pour que les écoliers le traversent en allant à la salle de sport.

Des résultats visibles… et inspirants

Aujourd’hui, 95% des élèves viennent à l’école à pied ou à vélo. Le garage à vélos déborde alors qu’il a déjà été agrandi il y a quelques années, les rues sont redevenues vivantes, les enfants croisent leurs voisins sur le chemin, et les habitants redécouvrent leur village et son coeur sous un autre angle.

Ce projet a profondément modifié le rapport des habitants à leur commune. Les trajets ne se font plus seulement par la route principale, mais par un maillage de chemins fleuris, sécurisés, paisibles, qui recréent du lien et de la convivialité. Et surtout : la sécurité des enfants n’est plus un sujet d’inquiétude, mais un acquis partagé. C’est cela, le vrai progrès.

Pourquoi ça marche ?

Ce qui fait le succès de Muttersholtz, c’est d’abord une volonté politique forte, portée par une équipe municipale cohérente, patiente et à l’écoute. Plutôt que de faire table rase ou d’imposer un schéma d’urbanisme figé, la commune a travaillé avec le tissu existant : les gens, les histoires, les usages. En partant du terrain, en négociant chaque mètre carré, elle a recréé des connexions humaines et physiques. Le projet a aussi su se doter d’un horizon clair (la sécurité et l’autonomie des enfants), et de méthodes concrètes : acquisitions ciblées, échanges de terrain, concertation fine. Surtout, il ne s’est jamais présenté comme un projet “contre” mais “avec”. C’est cette approche organique, à la fois humble et ambitieuse, qui donne à Muttersholtz un coup d’avance.

muttersholtz vue du ciel

Muttersholtz nous montre qu’il est possible, même sans grands moyens, de redonner de l’oxygène à l’espace public et de faire du vélo et de la marche les piliers d’un urbanisme du lien et du bon sens. Alors oui, chaque commune a ses contraintes. Mais chacune peut identifier ses propres “petits pas” pour recréer du maillage, redonner confiance aux enfants et bâtir une qualité de vie durable.

Par Théo

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