benjamins de l'histoire Béthune

Béthune

Une ville qui fait de sa jeunesse la gardienne de sa mémoire

À Béthune, la ville a trouvé une façon originale de transmettre sa mémoire : confier à ses élèves de primaire le rôle d’ambassadeurs de l’histoire locale.

  • Créé en 2012 à Béthune (25 000 habitants), le dispositif forme chaque année des élèves de CM1-CM2 à l’histoire locale.
  • Chaque promotion réalise une “Une” de journal présentée aux habitants lors d’une cérémonie officielle.
  • Labellisé « Centenaire 14-18 », le projet est facilement duplicable dans toute commune partenaire de l’Éducation nationale.

Comment faire aimer l’histoire à des enfants de 10 ans ? À Béthune, dans le Pas-de-Calais, on a trouvé la réponse : en leur confiant un rôle. Depuis 2012, la ville a imaginé un dispositif unique en France, baptisé « Les Benjamins de l’Histoire », qui transforme les élèves de primaire en véritables explorateurs du passé local.

L’histoire comme levier d’éducation citoyenne

Chaque année, plusieurs classes volontaires de cycle 3 partent à la découverte d’un pan de l’histoire de leur ville. Loin d’un cours magistral, les enfants enquêtent sur un monument, une période ou une figure emblématique. Ils plongent dans les archives municipales, échangent avec des témoins, rencontrent des journalistes, participent à des cérémonies patriotiques, et mettent en mots leurs découvertes dans une Une de journal qu’ils rédigent eux-mêmes.

À la fin du parcours, une cérémonie officielle vient récompenser leur travail : chaque élève reçoit un diplôme d’ambassadeur de l’histoire locale. Le symbole est fort : la mémoire n’est pas seulement une affaire d’adultes, elle appartient à tous, et peut être transmise par les plus jeunes.

Connaître sa ville pour mieux comprendre le monde

Le projet repose sur une conviction simple : connaître l’histoire de sa ville, c’est aussi mieux comprendre le monde dans lequel on vit. Conçu en partenariat étroit avec l’Éducation nationale, le dispositif s’inscrit dans le temps scolaire et mobilise les enseignants autour d’un thème annuel défini avec les services de la ville.

Ce cadre donne naissance à une pédagogie active, concrète, où les élèves ne se contentent pas d’apprendre : ils recherchent, analysent, questionnent. L’histoire locale devient alors un prétexte à développer l’esprit critique, la curiosité, le travail collectif et la fierté d’appartenir à un territoire. C’est aussi un formidable vecteur de lien intergénérationnel : les rencontres avec des habitants, anciens combattants ou témoins du siècle, créent des passerelles entre âges et expériences, tout en donnant chair à la mémoire.

Une restitution publique, symbole d’une mémoire partagée

Le moment le plus marquant du projet reste la restitution publique. Entourés de leurs enseignants, de leurs familles et des élus, les enfants présentent la Une de journal qu’ils ont réalisée. Ce n’est pas un exercice scolaire : c’est une prise de parole citoyenne, une manière pour eux de raconter leur ville à travers leurs yeux.

La cérémonie, toujours empreinte d’émotion, donne la mesure de ce que représente cette initiative : un projet où la transmission, la culture et la citoyenneté se rejoignent. Les enseignants saluent la cohérence pédagogique, les parents redécouvrent leur territoire, les anciens se sentent valorisés, et la municipalité renforce le sentiment d’appartenance à la communauté béthunoise.

En 2018, cette démarche exemplaire a été distinguée par le label « Centenaire 14-18 », récompensant les travaux menés autour de la Première Guerre mondiale. Ce label national a consacré un projet profondément ancré dans le local, mais universel dans sa portée.

Pourquoi les élus devraient s’en inspirer

Les « Benjamins de l’Histoire » démontrent qu’un projet éducatif et culturel peut transformer la perception qu’une jeunesse a de son territoire. Pour la collectivité, l’investissement est modeste : un peu de coordination, quelques partenariats, une dose d’enthousiasme. En retour, les bénéfices sont immenses : un lien renforcé entre les générations, une appropriation du patrimoine, une école connectée à la vie de la cité.

Surtout, cette initiative montre que la mémoire n’est pas un sujet passéiste. Lorsqu’elle est mise au service de l’éducation et de la citoyenneté, elle devient un moteur d’avenir. En donnant à ses enfants le rôle d’ambassadeurs de son histoire, Béthune a trouvé une manière originale, joyeuse et profondément civique de transmettre son identité collective.

Par Théo

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