archéologie laval

Laval

Une ville embauche ses propres archéologues

À Laval, l’archéologie est un service public à part entière. En internalisant cette compétence stratégique, la ville a su concilier développement urbain, gain de temps administratif, valorisation patrimoniale et attractivité culturelle.

  • Laval dispose d’un service municipal d’archéologie préventive depuis 2005, habilité à intervenir rapidement sur les projets d’aménagement.
  • Plus de 70 000 fragments archéologiques ont été recueillis sur un seul chantier municipal récent.
  • Cette organisation permet à la ville de gagner du temps, de l’argent, et de préserver son patrimoine, tout en offrant son expertise à d’autres communes.

À Laval, l’archéologie n’est pas cantonnée aux musées ou aux laboratoires universitaires. Elle est directement rattachée à la ville, dans un service public à part entière. Ce choix, opéré dès 2005, permet à la collectivité de disposer d’une équipe d’archéologues fonctionnaires habilitée à mener des diagnostics et des fouilles préventives. Cela peut sembler anecdotique ; c’est hautement stratégique.

En France, depuis 2001, l’archéologie préventive est une mission de service public. Elle vise à préserver les traces du passé avant tout chantier d’aménagement. Concrètement, avant de poser les fondations d’un bâtiment ou de rénover une place, il faut s’assurer qu’on ne recouvre pas des siècles d’histoire. En confiant cette mission à un service municipal plutôt qu’à des opérateurs extérieurs, Laval gagne un temps précieux, évite des surcoûts et approfondit sa connaissance fine du territoire.

Une action rapide et un savoir local précieux

Le service d’archéologie de Laval intervient rapidement, avec des agents déjà formés, déjà présents sur place, et surtout déjà familiarisés avec les spécificités du sol lavallois. Résultat : les diagnostics sont mieux ciblés, les délais de chantier plus fiables, et les découvertes mieux intégrées dans les projets urbains.

C’est ce qu’a démontré, par exemple, le vaste chantier de la place du 11-Novembre. En amont de sa transformation, les archéologues municipaux ont mis au jour un édifice médiéval baptisé la « Tour du Diable », une tour d’artillerie datant du XVe siècle. Plus de 70.000 fragments de céramique ont aussi été recueillis : autant de témoins matériels qui enrichissent la compréhension du passé lavallois. L’analyse se poursuit dans les locaux municipaux, où chaque pièce – porcelaine, ossements, verre, cuir – devient une ressource scientifique, pédagogique et culturelle.

Un outil au service de la ville… et des autres

Si la ville de Laval a développé cette compétence pour elle-même, elle n’est pas égoïste pour autant. Son service peut intervenir dans d’autres communes à proximité, faisant bénéficier le territoire de son expertise. Un modèle d’archéologie mutualisée, efficace et de qualité, qui illustre tout le potentiel d’un tel service en régie.

Ce choix de gestion directe, encore marginal en France, pourrait pourtant répondre à plusieurs enjeux actuels : mieux maîtriser les coûts des opérations d’aménagement, améliorer la coordination entre services, valoriser le patrimoine local, renforcer le lien entre urbanisme et culture, et même nourrir l’attractivité du territoire.

Pour les élus, intégrer l’archéologie à la chaîne de décision urbaine, ce n’est pas ralentir les projets : c’est les rendre plus intelligents. C’est aussi prendre soin du sous-sol comme d’un bien commun. Car une ville qui construit en regardant où elle pose les pieds est une ville qui avance avec sagesse.

Par Raphaël

ÇA MARCHE AUSSI…

blog-bottom-image