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Roubaix

Une méthode municipale pour faire du zéro déchet une culture partagée

À Roubaix, la démarche zéro déchet portée par la municipalité depuis 2014 a permis à plus de 800 familles, souvent modestes, de réduire leurs déchets et leurs dépenses, tout en insufflant une dynamique locale de transition écologique et économique.

Dephine Chenu

  • +800 familles roubaisiennes accompagnées depuis 2014 dans un défi zéro déchet.
  • Jusqu’à 3000 € économisés par an par foyer, pour certains participants.
  • La ville se transforme en haut lieu de l’économie sociale et solidaire : une manufacture de l’économie circulaire s’est installée dans une ancienne friche industrielle.

À Roubaix, 43 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. C’est dans ce contexte que la ville a fait un pari audacieux : celui de placer la transition écologique au cœur de sa politique municipale, non pas comme un supplément d’âme, mais comme une réponse directe aux enjeux du quotidien. L’ambition était claire dès 2014 : faire du « zéro déchet » non pas une politique réservée aux classes moyennes éduquées, mais une politique populaire, accessible, concrète. C’est Alexandre Garcin, adjoint au maire, qui a porté cette vision dès sa première élection, avec le soutien de Magdelène Deleporte. Ensemble, ils ont posé une condition simple mais structurante : que cette orientation devienne un pilier du mandat municipal, et pas un gadget de communication.

Un défi modeste aux effets puissants

Le point de départ est modeste : un simple défi. Cent familles volontaires, accompagnées pendant un an pour adopter de nouvelles pratiques. Moins de déchets, moins de gaspillage, moins de dépenses inutiles. En retour : plus de tri, plus d’échanges, plus d’autonomie.

Mais ce qui distingue Roubaix, c’est la manière dont tout cela est fait. Pas de dogmatisme, pas de culpabilisation. Juste du concret, des outils, des ateliers, du lien. Et une conviction profonde que l’écologie peut être une solution aux fins de mois difficiles.

Des familles comme Andrée et Guy, qui vivaient avec 500 € par mois après avoir payé leurs charges, témoignent aujourd’hui d’un changement de vie radical : des économies substantielles, une alimentation plus saine, des loisirs retrouvés, et même une santé améliorée. Leurs choix — acheter en vrac, bannir les produits ménagers industriels, boire l’eau du robinet — ont redonné du sens et du contrôle à leur quotidien. Et avec lui, un sentiment de dignité.

Une dynamique collective et contagieuse

Depuis 2014, plus de 800 foyers ont rejoint le dispositif. Certains deviennent ambassadeurs et accompagnent à leur tour de nouvelles familles. Le bouche-à-oreille fonctionne. Les écoles s’y mettent aussi : tous les enfants de CP reçoivent une gourde et une boîte à goûter réutilisable. L’objectif est clair : installer des habitudes durables dès le plus jeune âge. Et comme souvent, les enfants deviennent les meilleurs prescripteurs à la maison.

Cette politique ne se limite pas à l’éducation ou à l’accompagnement. Elle irrigue toute la ville, y compris son tissu économique.

Un outil d’attractivité et de redéploiement industriel

À Roubaix, une ancienne usine textile a été transformée en manufacture de l’économie circulaire. C’est le prolongement logique de la démarche citoyenne. On y recycle des vélos (jusqu’à 10 000 par an), on y transforme des pneus en ceintures, des draps en caleçons, on y tricote des vêtements démontables, réparables, revendables. Cette manufacture crée de l’emploi local, redonne vie à une friche industrielle et incarne un nouveau récit pour une ville longtemps stigmatisée.

Le site Tissel, du nom de son ancienne usine textile est désormais un lieu totem de l’économie circulaire

Le message est limpide : l’écologie n’est pas une charge, c’est une chance. Pour les finances des ménages. Pour la santé. Pour la cohésion sociale. Pour l’économie locale. Roubaix, fleuron du textile durant des siècles, retrouver ses lettres de noblesse et, d’un simple défi citoyen, restructure un pan entier de son histoire et de son économie.

Une démarche duplicable, clé en main

Ce qui fait la force de cette initiative « zéro déchet », c’est sa cohérence, sa progressivité et son caractère duplicable. Elle repose sur des outils simples (kits, formations, ateliers), des relais locaux (ambassadeurs, enseignants, associations), et une vision de long terme assumée politiquement. Ce n’est pas une opération de communication. C’est une stratégie de territoire.

Les élus intéressés peuvent facilement s’en inspirer. Roubaix ne prétend pas tout inventer, mais propose une méthode éprouvée, adaptée à la réalité sociale, et surtout, reproductible ailleurs. Ce n’est pas une politique pour les bobos. C’est une politique pour tous. Et ça change tout.

Par Théo

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