Des kiosques à journaux transformés en comptoirs à produits frais

Depuis l’arrêt de tramway de Brimborion sur la ligne 2 qui connecte Meudon à La Défense (entre autres), c’est par le chemin des lacets, une ruelle escarpée, que nous rejoignons le centre-ville. Sur les conseils du maire Denis Larghero, nous nous arrêtons avenue du Général Gallieni pour rencontrer Nicolas Drique, le jeune inventeur de La Clayette. Diplômé d’une école d’ingénieur, Nicolas a repris l’exploitation agricole de sa famille dans la Somme. À la fin de ses études, une idée lui est venue : pourquoi ne pas permettre aux habitants des villes d’avoir accès à des produits de qualité issus de circuits-courts (dans un rayon de 150 kilomètres pour prendre en compte les contraintes d’une Région comme l’Ile-de-France), en libre-service.

Le truc est assez simple. Très concrètement, Nicolas a constitué un réseau de producteurs qui souhaitaient vendre une partie de leur production en Ile-de-France et s’occupe de l’acheminement de leurs produits vers les différentes « Clayettes ». Les « Clayettes » sont d’anciens kiosques de presse réaménagés en comptoirs où les produits sont méticuleusement présentés dans de petits casiers avec une innovation simple mais néanmoins majeure. Les acheteurs ont la possibilité de constituer leurs paniers et de voir les stocks disponibles depuis une application mobile téléchargeable sur toutes les plateformes. Ils peuvent ainsi choisir leurs produits qu’ils récupèrent sur place en libre-service de 6h30 à 22h30 dans l’un des 76 casiers de la Clayette.

« J’ai tout de suite cru à ce projet car les habitants veulent mieux manger. Ils veulent de la qualité, de la traçabilité mais aussi de la facilité. À toute heure de la journée on voit des habitants venir chercher leur cagette de produits et quand ils se rencontrent ils passent un moment à discuter, c’est formidable » témoigne Denis Larghero. Le maire a facilité les échanges avec le propriétaire du kiosque (qui en possède 780 dans l’hexagone) pour que Nicolas Drique puisse le louer et l’exploiter. Une manière de se réapproprier un élément du mobilier urbain qui avait perdu sa vocation, celle de créer du lien et de proposer un commerce (mais aussi un service) aux habitants.

Alors comment on sait que ça marche ?

Un bon indice tient au livre d’or disponible dans chaque Clayette où les habitués notent de gentils petits mots comme « Merci c’est trop bon », des commandes spéciales ou en profitent pour passer des messages aux autres habitués. D’ailleurs, Nicolas Drique organise régulièrement des évènements autour des « Clayettes » pour recréer un esprit de quartier. Lui-même vit dans un immeuble à deux pas de sa « Clayette » de Meudon. Autre indice, les presque 2000 œufs vendus chaque semaine ! Près de 1000 clients viennent à la « Clayette » pour s’approvisionner en produits frais.

Un lien direct avec la campagne

Nicolas Drique assure le lien direct entre les producteurs de son réseau et les consommateurs, supprimant ainsi les intermédiaires. Se rendre dans une « Clayette », c’est aussi découvrir Cécile et Charles, producteurs de pommes, pommes de terre, oignons à Bailleau-le-Pin (28), Audrey et Grégory qui ont repris une ferme produisant des œufs à la Renardière (45), Thierry et Louis, producteurs d’endive de pleine terre en hiver et de fraises de plein champ l’été à Gueschart (80)…

Par Raphaël