frigos partagés Saint-André-de-Cubzac

SAINT-ANDRÉ-DE-CUBZAC

En Gironde, la cantine qui nourrit aussi ceux qui n’y mangent pas

À Saint-André-de-Cubzac, les repas non servis des cantines scolaires nourrissent désormais les habitants en difficulté grâce à des frigos solidaires accessibles à tous, transformant le gaspillage alimentaire en geste de solidarité concret.

  • Première commune de France à ne plus jeter les plats non servis à la cantine.
  • Des frigos partagés accessibles 24h/24, remplis de repas sains et gratuits.

L’idée semble si simple qu’on se demande pourquoi elle n’est pas partout. À Saint-André-de-Cubzac, en Gironde, les plats non servis dans les cantines scolaires ne finissent plus à la poubelle. Ils terminent dans des frigos solidaires, mis à disposition des habitants. Résultat : des dizaines de repas sains sont partagés chaque semaine avec celles et ceux qui en ont le plus besoin. C’est discret, c’est humble, et c’est redoutablement efficace.

Une loi, un constat, une idée lumineuse

En 2018, la loi Égalim permet aux collectivités de donner les invendus alimentaires. En 2019, à Saint-André-de-Cubzac, on dresse un constat alarmant : 6,5 tonnes de déchets par an issus de la restauration scolaire, dont une part importante de nourriture encore parfaitement consommable. Il n’en fallait pas plus pour que la commune, poussée par Laurence Pérou (adjointe à l’éducation et la jeunesse), décide de transformer ce gaspillage en ressource.

Le principe est simple : chaque jour, les plats préparés et non servis dans les cantines des écoles communales sont conditionnés dans des bocaux et placés dans des frigos accessibles à tous, gratuitement, 24h/24. Des frigos solidaires, installés à proximité des établissements scolaires, et qui s’inscrivent dans une logique de don et de confiance.

Pas du bricolage, une vraie politique publique

Le dispositif est lancé officiellement en novembre 2020 avec les écoles Bertrand Cabanes et Pierre Dufour. Rapidement, l’engouement est là : France 3, Canal+, Le Courrier des Maires… La presse relaie l’initiative. En 2021, la commune reçoit le Prix Territoriaux et le Trophée du REGAL. Mais derrière cette visibilité, il y a un vrai travail d’organisation quotidienne, porté notamment par les agents de cantine, les services municipaux et les élu·es. Et ça fonctionne : toutes les écoles de la commune sont reliées à un frigo.

« C’est triste tellement ça marche », lâche Laurence Pérou. Triste, parce que le besoin est grand. Mais ce qui aurait pu être un simple gadget solidaire est devenu, au fil des mois, un pilier local de la lutte contre la précarité alimentaire.

Une solidarité qui ne dit pas son nom

Qui sont les bénéficiaires ? Des visages qu’on ne voit pas forcément dans les dispositifs d’aide traditionnels. Des femmes seules, des personnes âgées à petites retraites, des familles en galère ponctuelle à cause d’un licenciement ou d’une séparation. Loin des clichés, ce sont des gens qui travaillent parfois, mais pour qui un repas de cantine peut faire la différence.

Sophie, la cinquantaine, a une pension d’invalidité. Elle raconte : « Ça me permet d’équilibrer mes repas. Tout ce que je ne peux pas acheter, les légumes par exemple, là je les trouve. » Ce jour-là, dans le frigo de l’école Pierre Dufour, on trouve des carottes râpées et de l’échine de porc rôtie. Des plats préparés le jour même, sains, variés, et surtout, dignes. À côté du frigo, un petit espace de dons a été aménagé : vêtements, livres, produits d’hygiène. Parce que la précarité ne se limite pas à l’assiette, la commune a vu plus large.

Ce qui rend ce projet particulièrement duplicable, c’est qu’il est simple, légal, et repose sur des infrastructures déjà existantes. Le nerf de la guerre ? L’organisation logistique (notamment la chaîne du froid et l’hygiène), mais tout cela est gérable, comme le prouve Saint-André-de-Cubzac.

Par Théo

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