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ROUBAIX

À Roubaix, une brigade lutte contre les logements vacants

À Roubaix, une brigade municipale dédiée s’attaque avec méthode au fléau des logements vacants en identifiant les biens inoccupés, en recontactant leurs propriétaires et en les accompagnant vers la remise en location ou la vente.

  • 4 422 logements vacants à Roubaix : une problématique devenue levier d’action pour la municipalité.
  • Une brigade dédiée : deux agents, un travail de terrain, plus de 300 logements remis dans le circuit depuis 2021.

À Roubaix, 4 422 logements vacants. Autant de volets clos, de portes condamnées, d’immeubles vides, parfois depuis des années. Ce n’est pas un problème isolé : c’est une cicatrice urbaine visible. Et c’est aussi, pour la Ville, un défi transformé en opportunité. Car derrière chaque logement vide, il y a un propriétaire, une histoire, un potentiel inexploité.

En 2021, la municipalité a décidé de ne plus subir ce phénomène. Elle a créé une brigade dédiée aux logements vacants. Son nom peut surprendre, mais il ne faut y voir ni uniforme ni intervention musclée. C’est avant tout une équipe municipale resserrée, compétente, et totalement mobilisée pour réactiver ce patrimoine dormant.

Une méthode patiente, proactive et humaine

L’approche est pragmatique. Deux agents à temps plein analysent, classent, repèrent les logements vides. Murés, squattés, en déshérence ou simplement inhabités… chaque cas est unique. Il faut d’abord retrouver les propriétaires, ce qui relève parfois de l’enquête, entre successions non réglées, changements d’adresse, voire ignorance pure et simple de la vacance.

Une fois le contact établi, la Ville engage le dialogue. En 2022, plus de 1 200 courriers personnalisés ont été envoyés aux propriétaires de logements vacants depuis plus de deux ans. Un courrier qui propose, qui informe, mais ne stigmatise pas. Résultat : 30 % de réponses. Un taux modeste sur le papier, mais qui ouvre de précieuses portes à la médiation.

Et c’est là que la brigade entre en action : visites, explications des dispositifs, aides à la rénovation, accompagnement juridique ou fiscal, conseil à la revente ou à la mise en location… L’idée n’est pas de contraindre, mais de rassurer, simplifier, et accompagner.

Des leviers adaptés pour débloquer les situations

Bien sûr, certains cas nécessitent un rapport de force. Roubaix a lancé 51 procédures d’état d’abandon manifeste, longues et complexes mais efficaces. Car la menace d’une expropriation raisonnée suffit, dans 40 % des cas, à débloquer la situation. La force de la Ville, c’est de disposer d’un panel complet d’outils : du guichet unique à la fiscalité incitative, en passant par les aides à la rénovation. Chaque outil est actionné avec discernement.

La plupart du temps, les propriétaires ne sont ni hostiles ni malveillants. Ils sont simplement perdus. Ils ont hérité, doutent, craignent les travaux ou les impayés. Il faut donc du temps et de la pédagogie pour restaurer une relation de confiance entre la collectivité et ces propriétaires invisibles.

Déjà plus de 300 logements remis sur le marché

En trois ans, plus de 300 logements ont été remis dans le circuit ; 300 adresses rendues à la ville, 300 lieux où l’on vit à nouveau. Et ce sont autant de signes tangibles que la stratégie fonctionne. Les effets se voient aussi sur le terrain : façades rénovées, rues plus vivantes, sentiment de réinvestissement local. Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est durable.

Ce que Roubaix propose, c’est une boîte à outils municipale. Réaliste, progressive, adaptable. Aucune ville n’est condamnée à laisser s’installer la vacance. À condition d’y affecter des moyens humains, de disposer d’un bon système d’information, et d’oser aller à la rencontre de ces propriétaires qu’on croyait absents.

L’initiative de Roubaix peut être répliquée ailleurs. Pas à pas. Avec méthode. En s’inspirant de ce qui a été mis en œuvre : un ciblage précis, un suivi humain, une gradation des réponses, et une volonté politique claire de redonner vie à ce qui ne demandait qu’à respirer à nouveau.

Par Théo

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