Chéquier commerçant Chevigny-Saint-Sauveur

CHEVIGNY-SAINT-SAUVEUR

Un chéquier pour sauver les commerces de proximité

À Chevigny-Saint-Sauveur en Côte-d’Or, la commune s’est inspirée des méthodes marketing du grand centre commercial voisin pour aider ses commerçants.

  • 33 commerces partenaires et jusqu’à 400 chèques utilisés dans certains établissements.
  • Zéro dépense publique : impressions sponsorisées, distribution assurée par les élus.

Tout le monde en parle. Mais peu de collectivités trouvent des moyens simples et concrets d’inciter les habitants à consommer local. Entre les vœux pieux et les grandes campagnes de communication, le fossé est souvent grand. À Chevigny-Saint-Sauveur, commune de onze-mille habitants de la métropole dijonnaise, les élus ont décidé de se retrousser les manches et de tester autre chose : un chéquier de réductions à faire valoir dans les commerces de la commune.

Inspirée d’une mécanique bien connue des centres commerciaux, l’idée est pourtant rare à l’échelle municipale. Et c’est précisément ce qui en fait un « truc qui marche » : une solution de proximité, pensée à hauteur d’habitant, qui fait coup double avec le soutien au commerce et l’amélioration du pouvoir d’achat, sans grever les finances locales.

Une idée née pendant le confinement

C’est à l’occasion du premier confinement que le maire de Chevigny, Guillaume Ruet, reçoit dans sa boîte aux lettres un carnet de bons de réduction… envoyé par le centre commercial voisin du Grand Quetigny. Un réflexe de marketeurs pour réactiver la fréquentation à la sortie de la crise sanitaire. L’idée fait son chemin : pourquoi ne pas adapter cette méthode à l’échelle locale ?

Moins d’un an plus tard, le « chéquier réduc’ chevignois » est lancé. Le principe est simple : chaque foyer reçoit un carnet papier, au format d’un chéquier classique, qui contient une trentaine d’offres valables chez des commerçants de la ville. À l’intérieur, on trouve par exemple une remise de 10 % chez le fleuriste dès 10 € d’achat, un sace d’escargots offert pour deux achetés chez Bourgogne Escargots, une réduction de 7 € chez le coiffeur Tchip à partir de 33 € de prestation.

Une mise en œuvre minimaliste mais très efficace

Ce qui rend l’initiative particulièrement inspirante pour d’autres communes, c’est sa légèreté de mise en œuvre. Aucun besoin de créer un dispositif complexe ou de mobiliser des budgets supplémentaires. Voici les secrets de sa réussite :

  • 33 commerçants volontaires, sélectionnés pour leur ancrage local ;
  • une impression financée par un sponsor, sans coût pour la collectivité ;
  • une distribution en porte-à-porte par les élus eux-mêmes, créant au passage du lien direct avec les habitants.

Le succès est tel que certains commerçants annoncent avoir reçu jusqu’à 200 chèques : autant d’achats nouveaux, de clients fidélisés ou de curieux venus pousser la porte pour la première fois. Pour certains commerces, comme La Pièce Unique, salle de roller disco locale, ce sont plus de 300 bons qui ont été utilisés.

Un outil au service d’une vision politique

Au-delà de l’outil, c’est la démarche qui est intéressante. Le maire Guillaume Ruet résume ainsi son approche : « la marge de liberté des maires, c’est de faire tout ce qui n’est pas obligatoire. »

À l’heure où les collectivités sont souvent tentées de se recentrer sur le strict périmètre de leurs compétences, cette opération montre que l’innovation municipale peut surgir là où on ne l’attend pas. Soutenir le commerce local, ce n’est pas qu’une affaire de zones de chalandise et de fiscalité, c’est aussi savoir inciter, orienter, stimuler les comportements d’achat des habitants.

Et cela fonctionne. La fréquentation des commerces partenaires a augmenté, les retours des habitants sont positifs, et plusieurs maires de l’agglomération ont décidé d’emboîter le pas. Genlis et Talant, deux communes voisines, ont déjà lancé des versions locales du chéquier.

Pourquoi ça marche ?

L’initiative fonctionne car elle repose sur quatre piliers essentiels :

  • La simplicité : pas besoin d’innovation technologique ou d’usine à gaz. Juste un outil clair, efficace et valorisant pour les deux parties.
  • L’incitation douce : le chéquier ne moralise pas, il encourage. Il fait passer le consommer local d’un réflexe vertueux à une opportunité concrète.
  • L’absence de coût pour la commune : grâce au mécénat local et à l’implication des élus, le dispositif ne pèse pas sur les finances publiques.
  • L’effet d’entraînement : les commerçants en parlent entre eux, les habitants aussi. Le bouche-à-oreille fait vivre le projet au-delà de la communication municipale.

Par Raphaël

single-quote

L’idée a d’abord inspiré les communes de Talant et Genlis, voisines de Chevigny, et s’étend à présent plus largement en France.

ÇA MARCHE AUSSI…

blog-bottom-image