Une charte de l’arbre pour valoriser et protéger le patrimoine arboré

En 2019, la ville de Sceaux dans les Hauts-de-Seine, qui depuis 2025 compte son premier arbre labellisé Arbre remarquable de France, a adopté une charte de l’arbre ambitieuse et structurante. Face au vieillissement de son patrimoine arboré, au réchauffement climatique et à la pression urbaine, la municipalité a fait le choix de se doter d’un document-cadre exigeant, à la fois technique, citoyen et pédagogique. Élaborée en concertation avec des experts, les habitants et les services techniques, cette charte vise à encadrer durablement la place de l’arbre dans la ville, en domaine public comme privé. Elle s’articule autour de trois grandes orientations stratégiques, déclinées en dix-neuf engagements concrets, votés à l’unanimité du conseil municipal. Une subvention allant jusqu’à 200 euros est par ailleurs proposée aux habitants pour les inciter à planter eux-mêmes des arbres. C’est une démarche complète, pensée dans le détail, qui peut inspirer de nombreuses communes.

Trois orientations claires pour structurer l’action

La charte repose sur trois orientations structurantes. La première consiste à approfondir les connaissances et à mettre en valeur les arbres déjà présents à Sceaux. Elle passe notamment par la réalisation d’un inventaire précis du patrimoine arboré, la création de supports pédagogiques, l’organisation de balades commentées et la mise en réseau des initiatives existantes. Cette orientation pose les bases culturelles et scientifiques nécessaires à toute action cohérente.

La deuxième orientation vise à créer et maintenir un bon développement des arbres, dans l’espace public comme dans les propriétés privées. Elle concerne aussi bien le choix des essences, adaptées au sol et au climat, que les techniques de plantation, de taille ou d’arrosage. Elle inclut des prescriptions précises dans les appels d’offres de la Ville et des conseils personnalisés aux habitants. Cette orientation s’attache à garantir la santé des arbres sur le long terme.

La troisième orientation se projette vers l’avenir : il s’agit de constituer le patrimoine végétal de demain et de renforcer la biodiversité. Cela passe par une politique active de plantation, une diversification des essences, des partenariats avec les grands propriétaires de la commune (comme la RATP ou le Département), et l’assurance qu’un arbre abattu sera toujours remplacé. L’idée est de penser l’arbre comme un investissement à long terme, au service de la résilience urbaine.

Dix-neuf engagements pour passer à l’action

Ces trois orientations ont été traduites en dix-neuf engagements précis, chiffrés et suivis dans le temps. Parmi eux, on trouve par exemple des actions de valorisation des arbres remarquables, un suivi individualisé des arbres les plus sensibles, la mise en place de dispositifs de protection physique, ou encore la définition d’un barème de compensation financière en cas d’atteinte à un arbre lors de travaux.

D’autres engagements concernent la sphère privée, avec notamment des évolutions possibles du Plan Local d’Urbanisme pour mieux intégrer les enjeux arborés. L’ensemble de ces engagements forme une véritable feuille de route pour la Ville et ses partenaires, avec des objectifs concrets, mesurables et transparents.

Une subvention jusqu’à 200 euros pour les habitants

Pour encourager les habitants à s’impliquer, la Ville de Sceaux a mis en place en parallèle de la charte un dispositif d’aide financière. Chaque personne souhaitant planter un arbre dans son jardin peut bénéficier d’une subvention couvrant 50 % du coût d’achat, dans la limite de 200 euros. La demande est encadrée par un dossier à remplir, comprenant un plan d’implantation, un devis, une facture et une photo après plantation. L’arbre choisi doit respecter les principes de la charte, tant dans le choix de l’essence que dans la localisation.

Ce dispositif rencontre un franc succès. La mairie y voit un levier concret de mobilisation citoyenne et un moyen de verdir la ville à grande échelle, sans attendre l’intervention des seuls services municipaux.

Une démarche exemplaire, reproductible ailleurs

La charte est conçue pour s’adapter dans le temps, avec des évolutions coconstruites avec les citoyens et les associations locales. Un travail sera mené d’ici les prochains mois, dans le cadre du Comité consultatif des Transitions, afin de la faire évoluer. Cette approche garantit que les actions menées restent pertinentes, partagées et en lien direct avec les besoins et initiatives locales, tout en permettant une amélioration continue de la politique municipale en faveur de la biodiversité et du cadre de vie.

Par Théo