Mois Molière 2019 - Le Roi Arthur (AIDAS - Parvis St Louis)

Versailles

Quand les lieux vacants deviennent des résidences d’artistes

À Versailles, douze compagnies de spectacle vivant répètent, créent et rencontrent le public grâce à une idée simple : mettre gratuitement à leur disposition les lieux municipaux inoccupés.

Photos : © Ville de Versailles

  • 12 compagnies accueillies en résidence permanente sur le territoire
  • Des lieux municipaux vacants mis à disposition gratuitement (hors charges)
  • 20 à 30 heures par an d’interventions culturelles offertes au public (écoles, hôpital, prison, maisons de quartier…)

Depuis 2010, la Ville de Versailles a transformé un héritage culturel prestigieux en levier concret de création et de vie locale. À l’occasion du Mois Molière, festival majeur du spectacle vivant, la municipalité a ouvert la voie à une politique ambitieuse : accueillir des compagnies théâtrales en résidence permanente au cœur de la ville. Douze aujourd’hui, qui occupent des lieux sans affectation, où elles répètent, fabriquent leurs décors, stockent leurs costumes et assurent leur vie administrative.

Ce dispositif repose sur un principe simple et redoutablement efficace : la Ville met des espaces à disposition, gratuitement, et les compagnies s’engagent en retour à contribuer à l’intérêt général. Autrement dit, au lieu de rester fermés et inactifs, certains bâtiments municipaux deviennent des foyers de création artistique, et la population en bénéficie directement.

Une réciprocité gagnant-gagnant

Pour accéder à cette gratuité, chaque troupe s’engage à intervenir bénévolement entre 20 et 30 heures par an dans le tissu local. Cela se traduit par des ateliers de théâtre dans les écoles, des rencontres dans les maisons de quartier, des spectacles dans les foyers pour personnes âgées, ou encore des interventions en prison et à l’hôpital. Autant d’occasions de faire circuler l’art là où il est le moins accessible.

Le système renforce aussi la visibilité des compagnies, qui présentent chaque année leurs créations lors du Mois Molière, événement-phare qui attire des dizaines de milliers de spectateurs à Versailles. Certaines troupes, comme l’Académie Internationale des Arts du Spectacle de Carlo Boso ou La Voix des Plumes de Ronan Rivière, se sont ainsi enracinées durablement dans la ville tout en rayonnant bien au-delà, et notamment au Festival d’Avignon où le maire, François de Mazières, est présent chaque année. De plus, le Mois Molière s’exporte depuis l’année dernière dans trois salles (l’Ancien Carmel et deux salles du Petit Louvre).

Mois Molière - La Folle de Chaillot - (de Jean Giraudoux)
Lors du Mois Molière, La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux.

Pourquoi cela marche ?

  • Parce que la Ville valorise des lieux vacants sans frais lourds.
  • Parce que les artistes trouvent un cadre stable, essentiel à leur travail.
  • Parce que les habitants, y compris les plus éloignés de la culture, bénéficient d’une offre artistique régulière et gratuite.

Le modèle est particulièrement intéressant pour les élus locaux : il ne s’agit pas seulement de soutenir la culture, mais de l’intégrer dans le quotidien des habitants. Le théâtre devient outil de lien social, d’éducation et même de soin, en intervenant dans des établissements de santé ou auprès de publics fragiles.

Une idée à dupliquer partout

Toutes les communes disposent de bâtiments temporairement vacants… Pourquoi ne pas les transformer en ateliers de création vivants ? Versailles prouve que l’investissement est minime, alors que les bénéfices – en termes de rayonnement culturel, de dynamisme local et de cohésion sociale – sont immenses. En un mot, cette politique culturelle n’est pas un luxe : c’est une stratégie pragmatique, qui relie patrimoine, création et utilité sociale. Un dispositif qui pourrait inspirer bien d’autres territoires, pour que l’art soit non pas une parenthèse, mais une présence quotidienne dans la vie de chacun.

Par Théo

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