un été au havre

Le Havre

Cette ville a doublé sa fréquentation touristique grâce à l’art dans l’espace public

Et si l’art contemporain pouvait métamorphoser durablement l’image d’une ville ? C’est le pari du Havre, où les œuvres monumentales, installées chaque été depuis 2017 dans l’espace public, attirent désormais plus de deux millions de visiteurs chaque année.

  • +122 % de visiteurs au Havre entre 2016 et 2024, grâce à une politique culturelle ambitieuse et lisible.
  • Un dispositif duplicable : inspiré du Voyage à Nantes, le principe peut s’adapter à toutes les villes, quelle que soit leur taille.
  • Des retombées concrètes : revalorisation du centre-ville, hausse de l’activité économique locale, image renouvelée.

Pendant longtemps, Le Havre a souffert d’une image grise, bétonnée, difficile à vendre comme destination touristique. Ville de passage plus que d’étape, elle peinait à séduire au-delà de son port. Pourtant, derrière les colonnes d’Auguste Perret et l’héritage d’une reconstruction d’après-guerre, un récit neuf s’est peu à peu dessiné. Celui d’une ville qui ose faire de l’art un outil de transformation urbaine, d’attractivité économique, et surtout de fierté locale.

Requalifier l’image d’une ville… par l’émotion

Cette histoire commence en 2017. Pour célébrer les 500 ans de la ville fondée par François Ier, la municipalité, portée par Édouard Philippe, décide de frapper fort : installer des œuvres d’art monumental dans l’espace public pour révéler le patrimoine architectural… et changer le regard sur Le Havre. L’opération s’appelle Un Été au Havre. Ce qui n’était au départ qu’une célébration anniversaire devient rapidement un rendez-vous incontournable.

Une galerie à ciel ouvert

Chaque été, entre juin et septembre, la ville devient un musée en plein air. Une dizaine d’œuvres monumentales y sont installées dans les rues, les squares, sur les quais ou dans des lieux inattendus. Certaines ne restent que le temps d’une saison, d’autres deviennent permanentes. Ce mélange d’éphémère et de pérenne crée une dynamique renouvelée de redécouverte de la ville.

Parmi les pièces emblématiques :

  • La Catène de Containers de Vincent Ganivet, arcs multicolores composés de containers empilés, installée à l’entrée de la ville comme un totem d’ouverture ;
  • Monsieur Goéland de Stephan Balkenhol, une sculpture absurde et poétique représentant un homme à tête d’oiseau, qui fait sourire et interroge ;
  • Narrow House d’Erwin Wurm, une maison-réplique déformée, allongée et compressée, qui joue avec les codes du domestique et pousse les passants à repenser l’échelle du familier.

Mais plus encore que les œuvres, c’est le parcours qui compte. Chaque œuvre est pensée comme une étape d’un récit. Une déambulation poétique qui donne envie de marcher, de flâner, de s’attarder. L’art devient une boussole urbaine, un prétexte pour lever la tête, s’arrêter, échanger. Et donc, consommer, séjourner, aimer la ville.

Un impact mesurable, une méthode duplicable

Depuis 2017, la fréquentation touristique du Havre a été multipliée par plus de deux, passant de 900 000 à plus de 2 millions de visiteurs en 2024. Des hôtels ont rouvert, des restaurants se sont installés, des rues naguère désertées ont retrouvé du passage. C’est le cas notamment de la rue de Paris, un axe central qui relie l’Hôtel de Ville aux quais, désormais dynamisée par la présence d’une œuvre monumentale à son extrémité.

Ce résultat est le fruit d’un investissement stratégique dans la culture. Pas un « supplément d’âme » pour initiés, mais un outil de politique publique, intégré dans une vision de long terme de développement urbain. Car derrière l’esthétique, il y a une méthode. Celle de Jean Blaise, l’inventeur du « Voyage à Nantes », dont la philosophie s’implique aussi au Havre : penser l’art comme révélation du territoire, et chaque parcours comme un récit construit, avec début, milieu, fin — et envie de revenir.

Pourquoi ça marche ? Parce que cette politique culturelle s’inscrit dans le réel. Parce qu’elle parle à tout le monde, sans exclusion. Parce qu’elle transforme l’espace public en lieu de rencontre et de curiosité. Et parce qu’en révélant la beauté d’un territoire, elle redonne aux habitants une fierté nouvelle.

Par Théo

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