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Besançon

Des cours d’école transformées par et pour les enfants

Et si l’on considérait enfin les cours d’école comme des espaces publics à part entière ? À Besançon, la municipalité a choisi de rompre avec les rectangles de bitume hérités du passé pour imaginer des cours de récréation végétalisées, inclusives, éducatives. Mieux : elle a confié leur conception… aux enfants eux-mêmes.

  • Une heure trente par jour : c’est le temps moyen passé par un enfant dans la cour d’école.
  • Une cour transformée en parc : à l’école Pierre Brossolette, la plus grande du Doubs, la cour est désormais un espace paysager ouvert au quartier.
  • Des effets concrets : plus de calme en classe, plus de jeu partagé, des enfants plus reposés le soir.

Besançon ne s’est pas contentée de repeindre les bancs ou d’ajouter deux ou trois pots de fleurs. La ville a engagé une transformation de fond : redonner à la cour d’école toute sa place dans la vie des enfants — et dans celle de chaque quartier.

Si l’on y regarde de plus près, une cour d’école, ce n’est pas un simple lieu de passage. C’est un endroit où les enfants passent en moyenne une heure trente chaque jour : pendant les récréations, la pause méridienne, l’accueil du matin et du soir. C’est aussi, pour beaucoup d’entre eux, leur seul contact régulier avec un espace extérieur non bétonné. Autant dire que ce lieu compte. Or, ces dernières décennies, les cours d’école sont devenues des espaces austères : un rectangle d’asphalte, un terrain de foot au centre, un préau en guise d’alibi. Un modèle hérité du siècle passé, devenu inadapté aux enjeux éducatifs, sociaux et climatiques du XXIe siècle.

À Besançon, la fin des rectangles de goudron

« Les cours en bitume noir avec un préau et un terrain de sport au milieu : c’est fini », affirme sans détour Anne Vignot, maire de Besançon. Pour cette ancienne chercheuse en géographie, maman engagée, et élue sensible à la justice sociale, l’école est un levier de transformation majeur. Dès le début de son mandat, elle a porté une ambition claire : réinventer les cours d’école pour en faire des lieux de bien-être, d’égalité, de respiration. Et surtout, donner la parole à celles et ceux qui y passent le plus de temps : les enfants.

Plutôt que de confier la conception à un cabinet d’urbanisme, la ville a demandé aux élèves de dessiner la cour de leurs rêves. Les résultats sont venus balayer tous les clichés : pas un terrain de foot en vue. À la place ? Des montagnes, des lacs, des animaux, du bois, de l’eau, du vivant. Le besoin de nature exprimé par les enfants est net, profond, universel.

L’exemple de l’école Pierre Brossolette

C’est dans le quartier de Montrapon, à l’école Pierre Brossolette — la plus grande du département — que cette vision a d’abord pris corps. Sur un demi-hectare, la ville a transformé une cour uniformément goudronnée en véritable parc paysager : arbres, reliefs, jeux en bois, points d’eau… Et une cour désormais ouverte à certains moments aux habitants du quartier. La cour d’école redevient un espace public, partagé, vivant.

Les retours sont à la hauteur de l’ambition. Les enseignants, d’abord sceptiques, constatent que les enfants jouent davantage ensemble et reviennent plus sereins en classe. Les familles observent que leurs enfants, mieux dépensés, s’endorment plus facilement le soir. La machine à laver tourne peut-être un peu plus souvent, mais les genoux tachés de vert sont devenus le signe discret d’une enfance plus libre et plus riche.

Et lorsque les températures montent, la cour devient une salle de classe à ciel ouvert. L’école du dehors, longtemps considérée comme une utopie nordique, trouve ici une application concrète. Et française.

Un modèle reproductible… et déjà reproduit

L’initiative bisontine n’est pas un cas isolé. D’autres villes ont suivi — ou précédé — ce mouvement. Lille, par exemple, a engagé la végétalisation de ses 79 écoles. Il en est de même pour Bordeaux. Paris, pionnière sur la transformation des espaces publics, a largement déployé le concept de « cours oasis ». Saint-Dizier y a ajouté la notion de « design actif ». Et pour cause : dans un contexte de réchauffement climatique, les îlots de fraîcheur deviennent vitaux, notamment pour les plus jeunes.

Mais ce que l’exemple de Besançon montre avec force, c’est que cette transformation peut se faire sans artifice ni grands moyens : en écoutant les enfants, en impliquant les équipes pédagogiques, en assumant des choix politiques clairs et concrets.

Réinventer une cour d’école, ce n’est pas seulement planter quelques arbres : c’est repenser la place de l’enfant dans l’espace public, c’est faire le pari de la co-construction, c’est agir à la racine — au sens propre comme au figuré. Si l’on veut une société plus apaisée, plus durable, plus égalitaire… peut-être faut-il commencer par regarder à hauteur d’enfant. Et leur demander : « à quoi ressemblerait ta cour de rêve ? »

Par Raphaël

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