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Saint-Bonnet-de-Joux

Une mini-résidence sénior qui change la vie

Dans cette commune de Saône-et-Loire, les séniors restent pleinement intégrés au village même quand ils quittent leur foyer grâce à cette mini-résidence qui marche depuis 2012.

  • 24 appartements indépendants pour personnes âgées, construits avec 60% de subventions publiques.
  • Un modèle économiquement viable et 25 emplois créés sur la commune.
  • Un projet qui favorise autonomie, lien social et ouverture sur le village.

Saint-Bonnet-de-Joux, petit village de Saône-et-Loire, voyait sa population vieillir. Comme ailleurs en milieu rural, de nombreuses personnes âgées souhaitaient rester dans leur village, proches de leurs voisins, de leur commerce, de leurs souvenirs. Mais la réalité était crue : aucune place en structure adaptée et pas assez de demande pour justifier la création d’un EHPAD classique.

Face à cette impasse, les édiles alors emmenés par Josiane Corneloup (désormais députée) ont eu une idée simple : créer une mini-résidence sénior à taille humaine, qui réponde vraiment aux besoins locaux. Avec détermination, ils ont imaginé un projet où l’on resterait « chez soi », tout en bénéficiant de la sécurité d’une structure médico-sociale.

Un projet ambitieux, né d’une forte volonté politique

Lancée en 2012, la Résidence du Val de Joux accueille aujourd’hui une trentaine d’habitants dans 24 appartements. Chaque résident dispose d’un appartement entièrement indépendant, avec son entrée par l’extérieur. Ici, pas de couloirs impersonnels, ni de chambres standardisées. Les habitants emménagent avec leurs meubles, leurs bibelots, leurs souvenirs. C’est leur maison, tout simplement.

Cette approche change tout. Elle casse l’image de l’EHPAD-hôpital pour en faire un lieu de vie, où chacun conserve sa dignité et son intimité. Le choix d’une petite unité permet aussi d’adapter l’accompagnement aux besoins réels des résidents, tout en favorisant les liens humains.

Un investissement important, mais rentable pour la commune

Le projet a coûté plus de trois millions d’euros, dont 1,8 million d’euros de subventions, obtenues grâce à un travail minutieux : 23 dossiers de financement déposés au total. La commune a choisi d’investir elle-même, considérant qu’il s’agissait d’une véritable infrastructure de proximité, au même titre qu’une école ou une salle communale.

Ce choix a porté ses fruits. Depuis son ouverture, la résidence est financièrement à l’équilibre. Elle a même permis la création de 25 emplois salariés : des soignants, aides médico-psychologiques, personnels de restauration et d’entretien, ainsi qu’une équipe d’animation. Dans un village rural, cet impact économique est loin d’être négligeable.

résidence sénior Saint-Bonnet-de-Joux

Autonomie et vie sociale : deux piliers essentiels du projet

Les concepteurs du projet avaient un objectif : éviter l’isolement. Pour cela, ils ont imaginé un fonctionnement unique. La cuisine centrale de la commune a été intégrée directement à la résidence. Chaque midi, les enfants de l’école viennent y déjeuner, créant des moments d’échanges intergénérationnels naturels. Dans un même bâtiment, on croise poussettes et déambulateurs.

Par ailleurs, la résidence propose de nombreuses animations : musique, théâtre, ateliers d’écriture, cinéma, pétanque… Mais surtout, ces activités sont ouvertes à tous les habitants du village. Cette perméabilité garantit que la résidence reste un lieu vivant et non un établissement fermé sur lui-même.

Les abords ont également été pensés pour l’autonomie. Les rues menant au centre-bourg ont été aménagées avec un marquage au sol clair et sécurisant. Les résidents peuvent ainsi aller acheter leur journal, prendre un café ou aller chez le coiffeur sans dépendre d’une navette ou d’un accompagnateur. Une autonomie précieuse pour préserver estime de soi et santé mentale.

Un modèle qui montre qu’une petite commune peut porter un grand projet

Au-delà des chiffres, la Résidence du Val de Joux raconte une histoire politique et humaine forte. Celle d’une commune rurale qui a refusé de voir ses anciens finir leurs jours loin de leur village. Celle d’élus qui ont cru à la viabilité d’un modèle de proximité et ont su convaincre les financeurs. Celle d’un projet qui combine dignité, autonomie, lien social et vitalité économique locale.

Le succès de cette initiative, à l’équilibre depuis son ouverture et plébiscitée par les habitants, montre qu’il est possible d’envisager le grand âge autrement qu’à travers des grandes structures standardisées.

Par Raphaël

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