pépinière communale La Possession

La Possession

Planter, transmettre, protéger : le rôle d’une pépinière communale

Et si une simple pépinière communale pouvait produire des milliers de plantes, réintroduire des espèces menacées et sensibiliser toute une population ? C'est ce qu'il se passe à La Possession, sur l'île de La Réunion.

  • 30 000 plantes produites par an sur 4 000 m², dont de nombreuses espèces endémiques et menacées.
  • Plus de 100 000 plantes réintroduites depuis 2014, dont une forêt sèche de 15 000 végétaux sur 3 hectares.
  • 1 000 habitants et 400 élèves sensibilisés chaque année, via des ateliers, visites et animations.

À La Réunion, la commune de La Possession a fait un pari audacieux : utiliser une pépinière communale comme levier de transformation écologique, urbaine et sociale. Créée en 2014, cette pépinière ne se contente pas de produire des plantes : elle éduque, restaure la biodiversité, embellit la ville et réduit les coûts publics. Dix ans après son lancement, elle est devenue un modèle de résilience territoriale et une source d’inspiration pour d’autres collectivités.

Un conservatoire de biodiversité unique

La Réunion abrite un patrimoine naturel exceptionnel, mais fragile : plus de 30 % des plantes y sont endémiques. La pépinière communale de La Possession s’est donnée pour mission de les protéger. Chaque année, entre 25 000 et 30 000 plantes sortent de ses 4 000 m² : espèces médicinales, fruitières, mellifères, aromatiques, mais aussi une large part d’endémiques rares et menacées.

Depuis sa création, plus de 100 000 végétaux ont été réintroduits dans le milieu naturel, notamment grâce à des projets emblématiques comme la reconstitution d’une relique de forêt sèche de 3 hectares le long de la ravine Balthazar. Résultat : 15 000 plantes de 38 espèces différentes, dont 20 menacées d’extinction, ont pu être plantées avec l’aide d’habitants, d’écoles et d’associations.

Un outil de verdissement urbain et d’adaptation climatique

La pépinière n’est pas tournée uniquement vers la conservation. Elle fournit aussi la matière première pour transformer les quartiers : arbres d’ombrage, arbustes, plantes ornementales. Les espèces choisies, adaptées au climat local, permettent de lutter contre les îlots de chaleur et de repenser la ville en lien avec la nature. Petit à petit, la municipalité intègre les espèces endémiques et indigènes dans l’espace urbain, créant un verdissement qui ne se contente pas d’embellir mais prépare la ville aux défis climatiques à venir.

Une école à ciel ouvert pour les habitants

La pépinière joue aussi un rôle d’éducation citoyenne. Chaque année, environ 400 élèves viennent y apprendre à bouturer, semer, manipuler la terre et comprendre le rôle des plantes dans l’équilibre écologique. Des quiz et animations sont organisés lors des grandes fêtes communales (Fête de la forêt, Journées européennes du patrimoine, Marche pour le climat…) et permettent de sensibiliser jusqu’à 1 000 habitants par an. Chaque participant repart avec une plante, cultivée sur place, comme symbole d’appropriation citoyenne.

pépinière communale La Possession

Une initiative économiquement rentable

En produisant ses propres végétaux, la commune limite les achats extérieurs et sécurise son approvisionnement. Cette autonomie permet d’alléger la facture publique, tout en garantissant la qualité et l’adaptation des plantes au territoire. En parallèle, la production mellifère du rucher municipal – environ 200 kg de miel par an – est offerte lors des mariages ou aux agents de la ville : un geste symbolique qui renforce le lien entre nature et communauté.

Un projet structurant pour l’île

Si La Possession a ouvert la voie, d’autres communes réunionnaises ont depuis suivi l’exemple. Avec le soutien du Parc National de La Réunion et du Département (via le Plan 1 Million !), plusieurs pépinières communales se sont développées pour restaurer les forêts et verdir les villes. Mais le modèle de La Possession reste singulier : il conjugue toutes les dimensions à la fois – écologiques, éducatives, sociales, économiques – et incarne ce que pourrait être demain une politique publique locale : transversale, durable et inspirante.

Par Emile

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